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La connaissance s’acquiert par l’expérience… de pensée

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« La connaissance s’acquiert par l’expérience« … Albert Einstein approuve cette phrase. Mais le célèbre physicien va plus loin : « La connaissance s’acquiert par l’expérience, tout le reste n’est que de l’information ». Mais que voulait dire Albert Einstein avec cette formulation ?

Nous pouvons supposer que la phrase est incomplète. « La connaissance s’acquiert par l’expérience (de pensée), tout le reste n’est que de l’information. » Cela correspond plus à priori à la pensée d’Albert Einstein Décryptons.

La physique moderne est née avec des acquis mais sans données, sans informations. Elle est née dans l’esprit d’hommes brillants avec l’aide d’une méthode atypique : l’expérience de pensée (thématisée par Ernst Mach). C’est à dire « une manière de résoudre un problème en utilisant la seule puissance de l’imagination humaine parce que les conditions de l’expérimentation ne sont pas réalisables », comme la définit Wikipedia.

Pour faire simple, il s’agît de se dire : « que se passerait-il si… ? » Et d’essayer d’apporter des réponses viables qui peuvent aller au-delà de ce que nous observons. Car « le monde s’oppose à ce qu’il nous montre spontanément », souligne Etienne Klein, philosophe des sciences.

Ce qui s’observe n’est pas la réalité. De quoi hérisser le poil de plus du complotiste prêt à dire « je ne crois que ce que je vois »… D’ailleurs, la croyance que la Terre est plate – parce qu’on ne voit pas de courbe à l’œil nu – augmente ces derniers temps avec la propagation de certaines vidéos sur internet. Seulement 66% des 18/24 ans américains pensent que la Terre est ronde.

Et c’est quelque part logique puisqu’on nous dit à l’école que les faits sont premiers, relève Etienne Klein. On nous apprend d’ailleurs que s’il y a une contradiction entre les faits et les lois, c’est que les lois sont fausses. Mais ce n’est pas… si vrai. Toutes les lois de la physique moderne contredisent les informations. Elle sont cachées derrière les phénomènes observés et les contredisent. Pour les trouver, il faut s’écarter du réel empirique – qui reste toujours l’objet d’interprétations – et faire des hypothèses. Et ensuite les tester spécifiquement. Il faut réussir à imaginer ce qu’on ne voit pas. Et même par exemple penser le principe d’inertie qui ne s’applique nulle part dans l’Univers puisque le vide n’existe pas. On ne trouve du vide nulle part. Il y a de la gravitation partout.

Penser le vide, c’est ce que Galilée a fait. Ce qui lui a permis d’énoncer la théorie de la chute des corps en 1604. Ce physicien et astronome a remis en cause les idées reçues par l’observation de la nature et les idées d’Aristote en la matière. Est-ce qu’au XVIIe siècle on peut mesurer la vitesse d’un corps qui tombe ? Non. Sait-on alors si le vide existe ? Non. La loi de Galilée ne résulte d’aucune information. Comment peut-on trouver une loi contredite par les faits observables dès le départ ? Comment peut-on concevoir une loi au XVIIe siècle que même des algorithmes actuels ne pourraient trouver ? Par un stratagème, à savoir l’expérience de pensée en imaginant la fiabilité d’une loi dans un contexte.

Les corps les plus lourds ont tendance à tomber plus vite que les plus légers. C’était la vérité acceptée avant Galilée. Celui-ci laisse tomber une pierre dans de la mélasse, une autre dans de l’eau, une autre à l’air libre. Evidemment les vitesses ne sont pas les mêmes. Et il se demande : et s’il n’y avait rien, du vide… quelle serait la vitesse de chute de la pierre ?

Comme il ne peut expérimenter dans du vide, il doit le penser. Comme à l’époque l’Eglise envoyait vite sur le bûcher, il a pris la précaution de démonter au préalable l’idée qui voulait que les corps les plus lourds tombent plus vite que les plus légers. Il l’a démontée avec cette hypothèse : si on attache une grosse pierre avec une ficelle à une petite, le poids est plus grand. Donc l’ensemble doit tomber plus vite, si l’on suit le postulat d’Aristote. Mais ce même postulat nous dit que la pierre plus légère va provoquer un effet parachute et ralentir la plus grosse. Le postulat se contredit. Il ne fonctionne pas car il dit que la grosse pierre va tomber plus vite et moins vite. La solution: tous les corps tombent à la même vitesse dans le vide. Mais dans ce que nous observons il y a d’autres forces liées à la présence de l’air qui font qu’une feuille de pommier ne tombe pas à la vitesse d’une pomme. Galilée conçoit une loi juste en imaginant du vide qui n’existe nulle part. Il a fait un pas de côté.

Revenons à Albert Einstein. Il propose en 1915 une théorie de la gravitation générale. Cette même théorie qui a permis de déterminer les ondes gravitationnelles en 2016, un siècle plus tard. C’est la théorie d’Einstein qui, aujourd’hui, permet de faire de la cosmologie et de concevoir l’Univers comme un objet physique. L’Univers devient un objet avec des propriétés globales et non plus une enveloppe. Mais, en 1915, que savait-on de l’Univers ? On ne savait pas que l’Univers était en expansion. On ne savait même pas qu’il y avait d’autres galaxies (il y en a plus de 2000 milliards)… Par rapport à ce qu’on sait aujourd’hui, il n’y avait quasiment aucune donnée. Mais il l’a pensée.

La mécanique quantique a été formalisée dans les années 20. C’est celle qu’on utilise aujourd’hui pour définir la matière. Les découvertes qui ont suivi n’ont jamais remis en cause les principes initiaux. Que savait-on dans les années 20 sur la matière ? Très peu de choses… La mécanique quantique est née sans données.

« La connaissance s’acquiert par l’expérience de pensée, tout le reste n’est que de l’information. » Il est fascinant de concevoir qu’on peut viser juste avec une expérience d’imagination.

Faisons une parenthèse. Nous ne sommes pas loin ici de la Gnose, avec la Connaissance qui est au-delà du perceptible, et qu’on peut trouver en soi. La Connaissance qui permet de s’ancrer et de s’élever. On peut même penser que la quête de Connaissance est une aventure, comme l’art, avec pour déclencheur l’appel de l’Être. Sans certitude absolue. Fin de la parenthèse.

Pour penser l’imperceptible, il vaut mieux, comme nous l’avons vu, laisser de côté le déterminisme : oublier la logique des horloges et privilégier la logique des nuages selon l’expression de Karl Popper. Ce que nous invite à faire la physique quantique. Le raisonnement par analogie, l’association d’idées, permet d’avancer plus sûrement que la déduction. Vive la puissance de l’imagination !

Notre connaissance de l’Univers est très parcellaire. C’est en tout cas une bonne chose que les être humains comprennent qu’ils ne sont pas le centre de l’Univers. Pourquoi partir du principe que nos sens – le toucher, la vue, l’odorat, le goût, l’ouïe – sont capables de nous dire tout ce qui se passe ? Nous sommes juste adaptés à notre milieu, pour interagir avec la matière ordinaire composée d’atomes. Il y a de la matière sur votre peau, et pourtant vous ne pouvez pas la sentir…

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