Marilyn Monroe

Enquête Marilyn Monroe – Le dimanche 5 août 1962

Fact Checking

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Officiellement, Marilyn Monroe a été retrouvé morte le dimanche 5 août 1962 dans son hacienda de Brentwood, corps nu, dans son lit, probablement suicidée, un téléphone dans la main, tout près d’une boite de somnifère vide.

Oui, mais, les voisins ont parlé d’une femme hystérique qui aurait crié « Assassins ! Espèce d’assassins ! Vous êtes contents maintenant qu’elle est morte ? »

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Peu avant minuit une Mercedes noire fût arrêtée par la police, par l’agent Lynn Franklin, pour un excès de vitesse (plus de 90 km/h) vers l’est sur Olympic Boulevard, à Berverly Hills (voir plan ci-dessous). L’agent a reconnu sur le siège arrière l’attorney général des Etats-Unis Robert Kennedy. Au volant se trouvait l’acteur Peter Lawford. Un troisième homme était dans ce véhicule. Lawford dit au policier qu’il conduisait d’urgence Robert Kennedy au Beverly Hilton Hotel, avant de repartir. Un hôtel quatre étoiles non loin ou Bobby Kennedy a bien été vu ce jour là.

Olympic

 

Maison de Peter Lawford

Vers 2h00, les voisins de l’acteur Peter Lawford qui habite devant la plage de Santa Monica, se plaignent d’un hélicoptère (loué au Conners Helicopter Service) chargé de prendre un passager.

Photo réalisée par le journaliste James Bacon qui s’était fait passer pour un élément du bureau du Coroner !

4h25 : Le sergent Jack Clemmons (West Los Angeles Police) reçoit un appel du docteur Hyman Engelberg, médecin de Marilyn Monroe, depuis le domicile de l’actrice (12305 Fifth Helena Drive) disant qu’elle venait de se suicider. En quelques minutes, le sergent se rend sur place. Il frappe à la porte, entend des pas dans la maison et des « conversations murmurées ». Il frappe de nouveau. Une minute se passe avant que la lampe du porche ne s’allume et que la gouvernante Eunice Murray, nerveuse, ne lui ouvre.
La femme confirme le suicide de Marilyn Monroe, conduit le sergent dans la chambre, où il découvre le corps contusionné de l’actrice, sur le ventre, en travers du lit, un drap rabattu. Présents, le docteur Hyman Engelberg et Ralph Greenson, le psychiatre de Marilyn Monroe. Le premier explique qu’elle a pris tout un flacon de Nembutal pour se suicider.

Le sergent Jack Clemmons – qui a pour mission d’établir un rapport préliminaire dans cette situation – pense immédiatement que son corps a été déplacé. En effet, une surdose de somnifères provoque des douleurs violentes accompagnées de vomissements. La posture de suicidés aux somnifères n’est pas celle là, elle exprime la souffrance. Ce qui n’est pas le cas ici. Le policier demande si le corps a été bougé. La réponse des médecins est non.

Jack Clemmons
Jack Clemmons
Sergent de police

Le sergent Jack Clemmons se rend compte que la gouvernante Eunice Murray a quitté la pièce. Il la trouve dans la buanderie en train de plier du linge. Elle avait terminé une lessive, une autre séchait, une troisième tournait dans la machine. Ce qui lui parait étonnant. Il l’interroge. La gouvernante semble réciter ceci :

v
Eunice Murray
La gouvernante

« J’ai découvert Miss Monroe peu après minuitJ’étais allée me coucher vers 22 heures. Je me suis réveillée parce que je devais aller aux toilettes (sa propre chambre disposait pourtant d’une salle de bains, ndlr). La lumière filtrait sous la porte de Marilyn. Alors je me suis inquiétée (même depuis le hall, on ne pouvait voir sous cette porte à cause de la nouvelle moquette qui gênait même la fermeture, ce que la gouvernante admis par la suite, ndlr). J’ai essayé d’ouvrir la porte mais elle était fermée de l’intérieur à clé. J’ai frappé mais elle n’a pas répondu. Alors, j’ai appelé le docteur Greenson qui n’habite pas très loin. Il est arrivé vers minuit et demi. Quand il est arrivé, elle n’a pas répondu non plus. Alors, il est sorti, et il a regardé par la fenêtre de la chambre. Il a vu Marilyn allongée, immobile sur le lit. Il lui a trouvé une mine bizarre. Il m’a dit « Nous l’avons perdue ». Et puis il a appelé le docteur Engelberg. »

Ralph Greenson
Ralph Greenson

Une version confirmée par le docteur Greenson qui précise qu’il a cassé la fenêtre avec un tisonnier pour pénétrer dans la chambre de Monroe (des éclats de verre ont été trouvés à l’extérieur de la maison). Et que Marilyn tenait fermement un combiné de téléphone en main. « Certainement pour appeler de l’aide. » Une réflexion qui interpelle le sergent, sachant que la gouvernante Eunice Murray était dans la maison.

Plan de l’hacienda de Marilyn Monroe – 12305 Fifth Helena Drive

Pourquoi appeler quatre heures plus tard la police ? « J’avais tant de choses à faire, répond au sergent Eunice Murray. Je me suis dit qu’il fallait que je m’habille. J’ai appelé Norman Jefferies, l’homme à tout faire, pour qu’il vienne réparer la fenêtre cassée. Et puis j’ai fait d’autres choses… J’ai mis mes affaires en ordre. »

Pourquoi appeler quatre heures plus tard la police ? « Il nous a fallu l’autorisation du service de publicité du studio (21th Century Fox) avant d’appeler quiconque », répond au sergent Ralph Greenson, le psychiatre de Marilyn Monroe.

Qu’avez-vous fait pendait ces 4 heures ? « Nous avons bavardé » répond le docteur Hyman Engelberg.

Le sergent Jack Clemmons constate après fouille qu’il n’y a pas de verre, ni d’eau dans la chambre de Marilyn Monroe lui permettant d’avaler les comprimés. Or, selon gouvernante Eunice Murray sa chambre était fermée de l’intérieur. Même dans la salle de bains adjacente, ni tasse, ni verre, ni eau puisqu’elle était en travaux.

C’est donc un sergent Jack Clemmons non convaincu par les témoignages, qui est remplacé sur place à 5h30. Un QG temporaire est installé dans la cuisine.

>> Le nombre de véhicules étant important dans la cour de la maison, d’autres personnes pouvaient être sur place, dans d’autres pièces, à l’arrivée du sergent Jack Clemmons. Notamment l’attachée de presse Pat Newcomb, et Norman Jefferies, l’homme à tout faire (voir ci-dessous).

5h45 : Les pompes funèbres de Westwood Village arrivent à l’hacienda de Marilyn Monroe. Journalistes (l’appel depuis la voiture du sergent Jack Clemmons avait été écouté par les hackers de l’époque) et voisins curieux sont déjà devant la demeure. Guy Hockett, des pompes funèbres, prend huit photos pour l’enquête de police. Une d’entre elles laisse penser qu’il y a un verre au sol, près du lit. Verre qui n’était pas là à l’arrivée du sergent Jack Clemmons… Les employés des pompes funèbres constatèrent une « rigidité cadavérique très prononcée. » Ils estimèrent à 21h30/23h30 le moment du décès.

Sont sur place (notes du sergent Robert Byron) Milton Rudin, avocat de Marilyn Monroe, le docteur Hyman Engelberg, la gouvernante Eunice Murray, l’attachée de presse Pat Newcomb, et Norman Jefferies, l’homme à tout faire. Ralph Greenson, le psychiatre de Marilyn Monroe, n’est plus là.

Interrogé par le sergent Robert Byron, la gouvernante Eunice Murray donne d’autres horaires. Elle ne s’est plus levée à minuit mais à 3h30. Et elle a appelé Ralph Greenson, le psychiatre, à 3h35. « J’avais le sentiment qu’on lui avait dit quoi dire. Que tout avait été répété » commentera le sergent Robert Byron. Une chronologie que le psychiatre et le docteur Hyman Engelberg décaleront de la même manière. « Je n’ai pas eu le sentiment qu’ils disaient la vérité sur l’heure et la situation », confiera le policier.

6h30 : Le corps de Marylin Monroe est emporté par les pompes funèbres. James Hamilton, du bureau du renseignement, et plusieurs autres officiers des services secrets sont là. Le journal de la star, dit « carnet de secrets » (objet de graves préoccupations pour la sécurité nationale selon la CIA) a disparu. La serrure du classeur où il était rangé a été fracturé.

10h30 : Le Docteur Thomas Noguchi, récemment nommé médecin légiste adjoint, procède à l’autopsie à la demande du coroner Theodore Curphey, exceptionnellement en charge du rapport final. John Miner, avocat général adjoint spécialiste de droit médical et psychiatrique, est aussi présent. Aucune marque de seringue hypodermique n’est trouvée sur le corps (bien que le docteur Engelberg lui ait fait une piqûre le 3 août vers 16 heures). Du propre aveu du Docteur Thomas Noguchi, ce genre de marque est difficile à trouver. Le rapport mentionne deux zones de lividité. Ce qui peut laisser penser que le corps a été bougé. Deux ecchymoses sont constatées (fesse gauche et à gauche sur la chute de reins), d’autres bleus étaient visibles (bras et arrière des jambes). Des signes de violences non expliqués. L’estomac était vide (pas de restes de sédatifs ou de médicaments) et sans traces jaunes qu’aurait dû laisser du Nembutal, responsable officiellement de sa mort. Y compris dans l’intestin grêle. Les échantillons préparés par John Miner devant être analysés pour déterminer les raisons du décès disparaîtront. Le  coroner Theodore Curphey conclura cependant à un suicide.

Le Docteur Thomas Noguchi déclarera plus de vingt ans plus tard qu’une surdose accidentelle d’une telle ampleur était « très improbable ».

L’administration fatale n’a pu être réalisée que par intraveineuse. Avec un décès dans le 10 à 20 minutes. Les analyses modernes ont depuis confirmé inexactitude des conclusions du coroner Theodore Curphey.

Robert Garnier, responsable du centre d’information toxicologique de l’hôpital Fernand Widal à Paris, qui s’est livré à une expertise dans le cadre du documentaire « Marilyn: contre-enquête sur une mort suspecte » (Sunset Presse / France 2) a affirmé qu’un « un assassinat était possible ».

15h30 : Fin de l’autopsie.

Pat Newcomb
Pat Newcomb
L’attachée de presse

>> Le lendemain des funérailles, le 9 août, l’acteur Peter Lawford, sa femme Pat, ainsi que l’attachée de presse Pat Newcomb, partirent chez l’attorney général des Etats-Unis Robert Kennedy. Les 11 et 12 août, avec JFK, ils passèrent le week-end chez Gene Tunney, dans le Maine. Pat Newcomb, de retour de longues vacances en Europe, en février 1963, s’installa à Washington et entra au service de l’US Information Agency (USIA).

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