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La conception de la vérité dans le « village global »

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Les rapports au monde divergent. Il y a donc des conceptions de la vérité (adéquation entre la réalité et l’homme qui la pense). Elles varient en fonction du groupe culturel, religieux, philosophique, idéologique, etc.

Toutefois, un socle de « vérités » permet la cohabitation entre humains. La neige est blanche par exemple. Ce socle de vérités, hérité de l’évolution, est inscrit dans nos cerveaux. Via nos gènes qui font que même bébé chacun sait que « le monde est fait d’objets solides qui se déplacent quand on les pousse, sans jamais s’interpénétrer ». Il s’agît là de la pensée objective.

Mais elle n’est pas l’unique. « L’espèce humaine possède une autre capacité : la pensée collective ou sociale, explique Pascal Huguet, du CNRS, à « Science et Vie ». Notre vision du monde est très inspirée par les autres. Pour cimenter nos groupes d’appartenance l’évolution nous a dotés de l’aptitude à créer un récit collectif qui, même parfois dénué de réalité factuelle, acquiert la même « réalité » que les faits du monde physique. » L’Homo Sapiens, on le sait, est un animal social. C’est par ses stratégies collectives qu’il a pris le contrôle de la Terre. Et son moteur est parfois le récit même s’il tord la réalité dans son partage « d’informations ».

Troublant, cet apport de la psychologie scientifique : une information – vraie ou fausse – augmente sa valeur de vérité pour l’individu quand elle est répétée plus de deux fois. Pire, l’individu tend à valider une information fausse quand son groupe lui transmet plusieurs fois alors qu’il sait initialement qu’elle est fausse ! Ce qui est vérifiable chaque jour sur le web (le « village global » qui réunit 4 milliards de personnes) avec des « fake news » qui enflent dans des groupes, souvent via les réseaux sociaux (4 milliards d’internautes mais le plus souvent nous ne communiquons qu’avec ceux qui nous ressemblent). Le tout étant entretenu par des algorithmes affinitaires.

Ce phénomène à un nom : « illusion de vérité ». Celle-là même qui a conduit par exemple, en mars 2019, en région parisienne, à une chasse aux Roms qui enlèveraient des enfants…

Se réunir autour d’une « illusion de vérité » renforce la cohésion du groupe. Elle donne aussi à l’individu la conviction qu’il « existe » auprès de ses pairs, qu’il compte, qu’il apporte sa pierre, voire même qu’il a un certain pouvoir. Parfois dans sa « nouvelle tribu » née sur internet (voir le mouvement dit des « gilets jaunes »). Si cette pensée est collective ou sociale, elle se construit cependant sur les ego. Elle se construit également sur la facilité de traitement. La décision est rapide et simple, il ne s’agît que de coller à la pensée du groupe, de la tribu. Construire seul(e) sa pensée de manière analytique est plus coûteux en temps et travail. Et l’isolement qui en découle est moins utile socialement parlant.

Surtout dans un « village global » du net où la prise de position est comme un réflexe, où donner la leçon est une évidence. Ce qui conduit à la multiplication des « bullshitteurs », qui sans maîtriser les sujets ânonnent des leçons qu’ils considèrent comme des vérités absolues et indiscutables. Mais souvent en adoptant un anonymat pratique. Paradoxalement l’exercice fait enfler le narcissisme de l’auteur.

Cette masse active sur le réseau n’est pas sans conséquence. Puisque tout ou tout le monde est tout le temps remis en cause dès qu’il est enviable, plus aucun liant n’est possible. La fracture sociale est le repaire des dynamiteurs aux messages simplistes – « le peuple exige », « les Français (ou autre nationalité) veulent » – répétés pour qu’ils s’ancrent dans les esprits (éléments de langage). Il devient aisé de mettre « complot » et « système » à toutes les sauces. Les populistes surfent sur les peurs et développent la paranoïa. L’intelligence collective est face à un défi.

Dans notre histoire, Elly traverse dans sa quête de connaissance et de progrès ce chaos de turbulences composé de pensées négatives (haine, envie, peur, etc.), d’entraves (maladie, handicap, pauvreté) et d’ illusions de vérité qui polluent l’environnement de chacun.

« Vivez comme si vous alliez mourir demain. Apprenez comme si vous deviez vivre éternellement ». Gandhi, dirigeant politique indien et guide spirituel

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