Angoisses, peurs, conditionnements, pulsions, conflits intérieurs, égarements, illusions, découragements… nous sommes presque tous exposés à des pollutions nées d’un manque de discernement. Une meilleure compréhension des mécanismes les générant – qu’on soit dans la joie ou la peine – permet d’être moins centré sur soi-même, plus libre, et plus ouvert à autrui.
L’acrasie (du grec Akrasia) est un concept qui représente le fait d’agir à l’encontre de son meilleur jugement. Autrement dit, d’agir autrement que ce que la raison (ou la sagesse) nous invite à faire – parce que nous pouvons le faire – à cause de l’influence de peurs, de colères, d’envies… bref, les différentes expressions de l’égoïsme, de l’égocentrisme ou du narcissisme. [On peut d’ailleurs, par rebond, concevoir que la mission de vie de chacun est d’apprendre à agir en sagesse et que la reproduction des épreuves est un moyen d’ajuster attention, intention et action bienveillante autant qu’altruiste.]
« Le mental, cette gigantesque machine à sa faire du mouron, est conditionné pour exagérer. Sans verser dans un optimisme béat, nous pouvons prendre conscience qu’il y a deux types de souffrance, deux couches si j’ose dire : le tragique de l’existence, les maladies, les tremblements de terre, le handicap, la mort, une certaine solitude – et toute la cargaison de psychodrames fabriqués de toutes pièces par l’ego. » Le philosophe Alexandre Jollien dans l’ouvrage « A nous la liberté » (Allary Editions).
Or, on ne s’affranchit de son ego que le cœur léger, qu’en étant détaché, serein. Auto-décréter la privation ne conduit pas à l’altruisme. Avoir le cœur léger, c’est s’affranchir de conditionnements comme la peur. Une émotion archaïque née de l’effroi face à la mort, qui incite à surveiller, calculer, éviter, être dans un état d’urgence. La peur a différentes formes. Elle peut aussi être la crainte du regard des autres, de l’échec, du manque… Le monde entier peut être perçu comme une menace si le mental – qui a tendance à en rajouter – le décrète. Mieux discerner, c’est s’alléger.
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