Edward Bernays ou comment manipuler l’opinion en démocratie
Fils d’Anna Freud, une des sœurs du fondateur de la psychanalyse, le conseil en communication Edward Bernays (1891-1995) mérite d’être connu. Parce que la persuasion de l’opinion publique est son affaire.
Cet austro-américain a combiné les théories psychanalytiques de son oncle Sigmund, et celles de Gustave Le Bon sur la psychologie des foules. Pour l’auteur de Propaganda (1928), il ne sert à rien d’argumenter avec les masses. Car les actes des Hommes sont dictés par le désir et non la raison. Ainsi pour vendre des cigarettes aux femmes il fera de l’acte de fumer un symbole du combat féministe. Pour le bonheur de Lucky Strike, il crée les « flambeaux de la liberté ».
« Il nous arrive de désirer tellement une chose, non parce qu’elle est intrinsèquement précieuse ou utile, mais parce que inconsciemment, nous y voyons un symbole d’autre chose dont nous n’osons avouer que nous le désirons. » Edward Bernays, Propaganda, Comment manipuler l’opinion en démocratie (La Découverte).
Comment il a fait du bacon un élément incontournable du petit-déjeuner américain
Sollicité par des charcutiers de l’Etat de New-York, la Beech-Nut Company, Edward Bernays va trouver un point sensible pour vendre massivement du bacon : les gens écoutent leur docteur. Le propagandiste va jouer sur « la dépendance psychologique des patients vis-à-vis de leurs médecins. »
Comment ? 5000 médecins (leaders d’opinion) reçoivent une étude vantant les vertus pour la santé de la consommation de bacon au petit-déjeuner. Le message passe, circule, le bacon intègre « l’american breakfast », le vrai, le traditionnel… Consommait-il lui-même du bacon chaque matin ? On peut en douter, mais l’expert en relations publiques est mort à l’âge de 103 ans.
En termes de politique, Edward Bernays explique que le « dirigeant politique est un créateur de circonstances. » Une fois l’opinion convaincue et préparée, le politique n’a plus qu’à surfer sur la vague en réalisant ce qui est attendu… une fois la propagande effectuée.
Ainsi, en 1954 Edward Bernays, avec la CIA, et pour le compte d’une compagnie bananière, fera chuter Jacobo Arbenz Guzman, président démocratiquement élu au Guatemala. Pour justifier le coup d’Etat, une campagne au préalable résolument anti-communiste afin de justifier le renversement du pouvoir en place. La dictature instaurée fera au moins 40.000 morts.
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