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Prenez deux minutes pour penser le temps

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Le temps, est-ce un concept purement humain ? Le temps est-il linéaire ? Existe-t-il sans la mémoire ? L’Univers a-t-il une mémoire ?

Les scientifiques ont pu établir que l’Univers a un âge au moins égal à 13.8 milliards d’années, et que la Terre s’est formée il y a 4.45 milliards d’années. Mais le temps physique n’a pas les propriétés que nous attribuons d’ordinaire à l’idée de temps, avec un rythme (un passé gravé dans le marbre, un présent fugace et un avenir incertain) ou des cycles (comme les saisons). En physique, aucune notion ne correspond au passage du temps. Le flux du temps est irréel mais le temps lui est aussi réel que l’espace. L’espace et le temps sont non seulement relatifs mais en outre ils sont liés : ils ne peuvent pas être définis séparément et forment un continuum à quatre dimensions, l’espace-temps. Mais pour reconnaître le temps ou son absence dans des constructions mathématiques, ne faut-il pas déjà le connaitre?

L’irréversibilité (un œuf cassé le restera) pourrait faire de l’écoulement du temps un aspect objectif. Si nous n’observons pas un temps qui passe, nous constatons des états du monde qui changent. Auquel cas, une montre mesure la durée entre deux états comme le mètre mesure des distances. Le fait que la mémoire soit unidirectionnelle (on ne se souvient que du passé) pourrait nous laisser croire que cette unilatéralité est un écoulement du temps. Mais comme tous les temps sont réels, il ne peut y avoir d’écoulement. Cependant, la physique quantique montre que la nature est intrinsèquement indéterministe. Un electron qui entre en collision avec un atome peut rebondir dans n’importe quelle direction sans qu’on puisse la prédire. Autre élément, la relativité de la simultanéité. Des horloges placées sur la Terre et sur Mars auront un rythme différent. Et seront donc automatiquement désynchronisées. Il n’y a pas de grande horloge cosmique.

D’où provient notre intuition du temps ? Une simple construction du cerveau qui l’attache à la vie ?

Nous l’apprécions :

  • dans une structure linéaire
  • comme une droite sur laquelle chaque point représente un instant
  • avec un présent (seul instant réel) qui sépare le passé du futur
  • mesurable en secondes, minutes, jours, mois, années…
  • universel (le même pour tous) et indépendant
flèche du temps

Mais Albert Einstein est passé par là avec sa théorie de la relativité. L’idée derrière les équations d’Einstein est que l’espace-temps est comme un tissu que la matière et l’énergie déforment et font se courber. « La matière dit à l’espace-temps comme se courber et l’espace-temps dit à la matière comment se courber », expliquait le physicien John Archibald Wheeler.

La physique quantique est également passée par là. Nous savons que le temps n’est pas universel, il est poli-rythmique, pas orienté et pas linéaire. Plusieurs temps pouvant se superposer. Comme la couleur il est une de nos constructions mentales pour interpréter le monde qui nous entoure. La notion intuitive que l’on a du temps serait issue du comportement des systèmes thermodynamiques. C’est l’ « idée de temps thermique » proposée par le mathématicien Alain Connes et le physicien Carlo Rovelli. « Si cette vision est juste, le temps n’est, en somme, rien d’autre qu‘un effet de notre ignorance de l’état microscopique des systèmes macroscopiques », écrit ce dernier.

Les frontières du temps seraient les frontières des connaissances actuelles.

« De même que la vie émerge de molécules organiques qui s’organisent, le temps pourrait émerger de quelque chose d’intemporel s’ordonnant », écrivait George Musser, journaliste à Scientific American.

Une des idées les plus fortes de la théorie des cordes (ou amas) est le principe holographique. Il suggère que notre Univers entier est un système de particules quantiques qui interagissent. Rien ne se touche, rien n’est vide, tout est interconnecté.

En attendant, nous avons besoin pour vivre « ici et maintenant » que la flèche du temps soit unidirectionnelle pour évoluer, nous avons besoin de durée de temps et d’échelles d’espace pour former des structures, nous avons besoin de causes et d’effets, nous avons besoin de séparations spatiales pour que nos corps puissent se penser comme des enclaves au sein d’un monde.

Le « temps du corps » est géré par l’horloge de l’hypothalamus. C’est le métronome biologique avec lequel nous organisons nos journées, les temps d’activité comme les temps de repos.

Le « temps de l’esprit » permet lui de considérer le passage du temps (ou d’oublier son écoulement par angoisse de la mort) . L’ennui l’allonge en termes de perception, le bonheur le suspend par exemple. Le « temps de l’esprit » s’occupe du traitement mais aussi de l’archivage des faits en souvenirs, c’est la mémoire.

On remarquera le développement d’une intolérance à l’attente, à vouloir obtenir tout sans délai dans un monde où les modes de vies s’accélèrent sur le tempo de l’interactivité sur le net. La perception (« Je n’ai plus de temps à moi ») de ce temps linéaire (qui n’existe pas) se transforme comme jamais. Le temps social n’est plus en adéquation avec les cycles naturels. Qui dit cycle, dit circularité, sans commencement, ni fin. Soit une autre forme d’intemporalité.

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